Le terme Backdrop désigne au cinéma un décor, une
toile de fond. Derrière l’appellation Backdrop
Switzerland se cache une exposition qui a pris depuis le weekend dernier ses quartiers à Morges (VD), sur les rives paisibles du lac Léman. Le tout en grandes pompes et non
sans lien avec l’univers de l’agent 007. Explications….
Du livre à l’exposition
Tout commence avec la
publication d’un ouvrage fin 2016, dont le postulat de base est assez
simple : recenser tous les films ayant été tournés en Suisse ou bien se
servant de ce pays comme toile de fond. Ainsi depuis les origines du 7ème
art, ce sont plus de 680 films qui ont été répertoriés, dont plusieurs de la saga James
Bond, et non des moindres : Goldfinger
(1964), Au service secret de Sa Majesté
(1969) et Goldeneye (1995) (*).
C’est
au genevois Cornelius Schregle que
l’on doit ce travail méticuleux. Ayant travaillé de nombreuses années dans le
milieu du cinéma aux Etats-Unis (et notamment comme scénariste ou chargé de
repérage pour diverses productions), il réalise en rentrant dans son doux pays
natal que celui-ci a accueilli lui aussi de nombreux tournages depuis les
origines du cinéma. A tel point que la Suisse est devenue une « marque en
soi », tant le pays possède une identité culturelle et visuelle forte,
au-delà des clichés les plus éculés qui lui sont souvent associés (paysages
grandioses de montagne, vaches, chocolats et banquiers plus ou moins honnêtes).
Moult recherches plus
tard, le livre « Backdrop Switzerland » parait fin 2016 et remporte
un joli succès bien mérité, qui se pérennise dans le temps en devenant une
exposition. Dans le cadre de ses recherches, Cornelius Schregle a en effet
(re)mis la main sur nombre de documents d’archives (photos, posters, …) qui
méritaient mieux que de prendre la poussière dans d’obscures armoires.
L’exposition voit ainsi le jour au cours de l’été 2017, lors du festival du
film de Locarno.
Des traces de panthère à Gstaad
En 2018, c’est dans la
mondaine station bernoise de Gstaad (1 050 m) que la manifestation prend
ses quartiers d’été, en s’installant dans le prestigieux Palace Hotel. Si
mythique soit-il, le lieu ne relève pas du hasard : l’établissement a en
effet accueilli au cours de l’année 1974 le tournage du film Le retour de la panthère rose, mettant
en vedette le célèbre inspecteur Clouseau (Peter Sellers) et dans le principal
rôle féminin, la comédienne britannique d’origine hongroise Catherine Schell. Un nom qui n’est pas
inconnu des fans de l’agent 007, puisque la comédienne était l’un des Anges de
la mort de Blofeld dans Au service secret
de Sa Majesté, tourné quelques années plus tôt au sommet du Schilthorn
(situé à quelques kilomètres à peine de Gstaad à vol d’oiseau). L’occasion
n’était donc que trop belle pour faire (re)venir Catherine Schell à Gstaad afin
d’inaugurer comme il se doit l’exposition Backdrop
Switzerland, tout en proposant au public de (re)découvrir le même soir le 4ème
opus de la saga de la panthère rose sur grand écran. À l’issue de la
projection, la comédienne se prêta d’ailleurs volontiers à un
questions/réponses avec le public.
Back in Switzerland
Après Rome, l’exposition retrouve ses origines suisses à l'automne 2019. L’espion britannique
y est d’ailleurs un peu plus à l’honneur cette fois-ci, car cette arrivée en
terre vaudoise sonne un peu comme un retour au pays. Comme chacun le sait, Ian
Fleming donna à son héros une mère Suissesse (Monique Delacroix), en souvenir
d’un amour de jeunesse. Le futur père de 007 rencontra en effet une certaine
Monique Panchaud de Bottens au cours de ses études à Genève en 1930-31. Les
deux vécurent une idylle de quelques mois, mal vue de Mme Fleming-mère qui se
chargea d’y mettre un terme. Vers la fin de sa vie cependant, Ian devenu auteur
à succès tenta de revoir Monique lors d’un séjour à Montreux, mais cette
dernière refusa. L’exposition sera l’occasion de (re)découvrir plus en détail
leur histoire, éclairée par quelques documents rares d’époque. Indispensable
pour les fans, donc !
Détails pratiques : du 12 octobre au 05 janvier 2020, au Musée
Alexis Forel et simultanément à la Fondation Bolle, 1 110 Morges (VD).
Morges est située au bord du
lac Léman à environ 10 km à l’ouest de Lausanne et 50 km de Genève et de la
frontière française.
(*) liste à laquelle
il conviendrait d’ajouter L’espion qui
m’aimait (1977) et Dangereusement
vôtre (1985) dont les prégénériques furent partiellement tournés dans les
Alpes grisonnes.