mercredi 23 février 2011

Revue de presse



Deux reviews sur mon livre sont parues récemment:


-dans le dernier numéro de la revue trimestrielle l'Alpe, qui propose à chaque numéro un regard pointu sur l'actualité et une/des thématique(s) précise(s).

L'encart est signé de M. Pascal Kober, rédacteur en chef de la revue


-un article signé M. Claude Diringer dans les DNA (Dernières Nouvelles d'Alsace pour les non intiés!) du mercredi 16 février, pages locales/Colmar.





Un grand merci à eux!

mercredi 2 février 2011

Des filles et des gars des eaux


Certaines séries passées dans le domaine public le sont pour leur forme visuelle, leurs qualités, leur originalité ou les émotions qu'elles ont sues provoquer. Alerte à Malibu est l'une de ces productions que tout le monde arrive d'emblée à identifier, sans que les qualités citées plus haut ne lui correspondent forcément. Alors, comment définir cette fiction: drame engagé sur le quotidien de jeunes gens qui risquent leurs vies pour en sauver d'autres, ou production recyclable pour playmates en détresse? Poser la question, c'est y répondre...


Au commencement, il y a un homme: David Hasselhoff. Brushing volumineux, sourire colgate à tout bout de champ et chemise ouverte au troisième bouton sur un torse velu, l'acteur est l'archétype du séducteur qui plaît à la ménagère de plus de 50 ans. Ayant acquis une certaine célébrité dans les années 80 grâce à la série Knight Rider (K2000), le bonhomme s'essaye par la suite à la chanson avant d'obtenir en 1989 le rôle de Mitch Buchannon dans une nouvelle série: Baywatch, dont le titre français donnera une intensité dramatique plus forte (Alerte à Malibu).


Le thème est révolutionnaire: mettre en scène le quotidien de sauveteurs sur les plages californiennes de Santa Monica. Résumer le concept se fait en moins de deux lignes, tant la production est d'un vide abyssal au niveau du scénario, qui consiste à filmer ses protagonistes qui courent en maillot de bain, au milieu de sirènes bronzant sous le soleil radieux de la côte ouest. Une sorte d'exotisme bon marché, finalement abrutissant mais inoffensif. Conscient (ou pas?) du fait que la série ne raconte rien mais doit durer pour être rentable, Hasselhoff et sa bande passent à la vitesse supérieure en jouant la carte de l'érotisme soft à partir de la 3ème saison, qui marque l'arrivée dans la série de la célèbre (!) Pamela Anderson. Lucide sur le fait que son image est son seul atout, la miss offrira régulièrement des remakes d'Ursula Andress sortant de l'eau dans Docteur No.


Quand on songe que l'espèce humaine a mis des millions d'années pour s'élever au-dessus du niveau des singes, David Hasselhoff et les siens y retournent en moins de temps qu'il n'en faut pour l'écrire. Car c'est désormais la Silicon Valley qui s'établit à Malibu: chaque épisode offre son défilé des pages centrales de Playboy en maillot mouillé, courant sur un banc de sable, cheveux au vent et bouée à la main. Les rivalités entre ces dames vont d'ailleurs bon train, via des phrases assassines lancées par tabloïds interposés. David Hasselhoff producteur voulant sans doute faire parler de sa série, il est possible qu'il cautionne voire encourage la pratique. La presse à scandale s'en donne en tout cas à coeur joie, relatant les dernières frasques de Pamela Anderson ou ses rivalités avec Yasmin Bleeth et Alexandra Paul (pardon, ce sont quelques autres actrices de la série, les seules dont on a pu retrouver le nom). Alors, un extrait: "Pamela a de très gros seins, mais c'est facile... il suffit d'y mettre le prix". Parole d'évangile selon Yasmin Bleeth.


A ça, s'ajoutent les changements constants du casting féminin, qui vont permettre à la presse télévisée de présenter tous les six mois une nouvelle "élue", dont personne hormis les (a)mateurs de Playboy n'a entendu parler avant, et dont personne n'entendra plus jamais parler après (même le lectorat cité plus haut). Chaque miss se fera alors un devoir de clamer sa philosophie de vie, comme "faire du sport est essentiel pour moi" ou bien "David Hasselhoff voulait une fille vraiment différente et avec moi il ne va pas être déçu!". C'est beau la naissance d'une cruche la nuit...

La série fera de même le bonheur des chaînes désireuses de vendre du temps de cerveau humain disponible à une célèbre marque de Cola: puisqu'il s'agit d'offrir un programme au spectateur soucieux de ne pas avoir en plus à réfléchir devant son écran, autant être à la hauteur (ou à la profondeur). Finalement, tout le monde y trouve son compte. Quant aux amateurs de séries au sens noble du terme, ils passeront leur chemin.

L'essoufflement étant cependant visible, le show se transporte à Hawaii pour les dernières saisons. A défaut de recruter des scénaristes, on change le décor et certaines comédiennes sont remerciées, remplacées par d'autres qui attendent leur quart d'heure de gloire. Le clou final se fera avec le téléfilm Baywatch: the hawaiian wedding. David Hasselhoff tente de faire ressortir le côté dramatique de son personnage lorsque celui-ci rencontre le sosie de son amour perdu (Alexandra Paul, le retour!). L'essai vaut ce qu'il vaut, mais de toute façon, personne n'est véritablement acteur dans cette série.


C'est sur cette note que se clôt la production, qui aura quasiment disparu aussitôt des écrans de télévision dans nos contrées (sur les "grandes" chaînes du moins). Plus discrètement, une série parodique appelée Son of the beach -tout un programme- fit par la suite son apparition sur le câble américain puis français. L'occasion de prouver -si besoin était- que la parodie peut parfois être moins grotesque que l'original. Et le mieux est encore d'en sourire...